Les racines du ciel
- un besoin d'infini, une soif, un pressentiment d'ailleurs, une attente illimitée -
- un besoin d'infini, une soif, un pressentiment d'ailleurs, une attente illimitée -
Dites-moi qu'il y a une vie après. Que les vagues incessantes de poussière ou d'étoiles ne sont pas que marées amères. Que les cris et les larmes n'ont pas de sens. Que la fin n'est que porte ouverte. Que le temps s'écoule et nous emporte, enivre, encore, toujours. Dites-moi que tout n'est qu'illusion. L'or ou le fer n'existent pas. Il n'y a que la lame tranchante des secondes qui martèlent nos pas. Un souffle entrecoupé et continu. La promesse d'une aurore qui n'en finira pas d'éclater. Ce regard sur un horizon toujours loin, toujours près. Un flot étendu comme la mer où nul ne chavire. Ni naissance ni destin. Un million de points juxtaposés. Un monde en pointillés.
"Je rêve que nous sommes des papillons n'ayant à vivre que trois jours d'été. Avec vous ces trois jours seraient plus plaisants que cinquante années d'une vie ordinaire"
J'ai brisé tous les cadres, ouvert toutes les fenêtres. Je ne voulais ni barreaux, ni règles, ni barrières. Un champ qui s'étendrait jusqu'au ciel. Réinventer toujours les règles du jeu pour qu'il ne prenne jamais fin. Sortir des chemins tracés, balisés, convoités. Effacer les traits du dessin pour qu'il ne reste que couleurs. Je voulais peindre un tableau où me perdre dans une infinité de possibles et de rêves. Que chaque pas s'oublie et se souvienne que le temps s'envole et qu'il faut comme lui, repousser d'un coup d'aile chaque nuage, chaque goutte de pluie. Je croyais que le cadre c'était la frontière. Qu'au delà plus rien que déjà vu. Je croyais que penser, vivre, peindre, c'était les faire tomber. J'ai dansé hors des cadres que j'ai vu s'effondrer.
Jusqu'à toi.
J'avais pourtant promis. Je t'avais juré la lutte acharnée contre le trouble du monde, contre les battements dévorants d'un coeur fatigué. Je t'avais promis d'assécher les torrents, de feutrer le soleil, de glisser dans les profondeurs paisibles d'un univers plus flou, plus sombre et plus tendre, les doux silences de l'océan. Que plus jamais l'acide brûlant d'un regard ne t'atteindrait. Que les jours s'étioleraient. Que l'enfer c'était nous, qu'ils trembleraient. Impassible, je t'avais promis, que tu serais de sable et que même la mer ne t'emporterait plus. Effacés l'amertume, la colère, les méandres. Rien. Le secret des émotions effacées, oublier. L'encéphalogramme plat des yeux ouverts sur le vide. Ce sourire lointain de ceux qui ne voient plus. Un monde de plaines, de vallées sans couleur, sans noir ni blanc. Un monde en gris comme les heures de solitude.
Je t'avais promis, mon âme, mais le temps m'a trompée. Le temps qui balaye les feuilles d'automne pour ramener encore un printemps de regards qu'on ne peut oublier.